Published since 1940 | Vol. 71, No. 2
Par Jean-François Tardif et Robert Greenhill
RÉSUMÉ
La pandémie a entraîné des répercussions qui ont gravement affecté les systèmes de santé et d’éducation, ainsi que l’économie en général dans les pays du Sud, alors que le monde était déjà en retard dans ses efforts pour atteindre les Objectifs de Développement Durable.
Ces effets, qui pourraient avoir des conséquences sur le long terme et que nous appelons les blessures profondes, sont maintenant aggravés par d’autres crises que la guerre en Ukraine a exacerbées: crise alimentaire, du carburant, des engrais, mais aussi inflation généralisée, taux d’intérêt élevés et chaînes d’approvisionnement perturbées. La communauté internationale, dans les trois ans qui ont suivi le début de la COVID-19, a fait preuve de créativité et d’engagement pour faire face aux crises (financement initial massif de la Banque mondiale, mise en place de COVAX, émission de droits de tirage spéciaux) mais cela n’a pas été suffisant pour ramener les systèmes de santé aux niveaux d’avant la pandémie ou pour combler les lacunes en matière d’apprentissage. Avec un financement important des donateurs pour soutenir l’Ukraine et des taux d’intérêt plus élevés qui paralysent déjà les pays à faible revenu (PFR) très endettés, l’effet combiné d’autres crises peut lancer de nombreux PFR dans une spirale de dysfonctionnements et de tensions sociales qui pourrait conduire à des troubles et des perturbations catastrophiques.
Les pays donateurs et les pays récipiendaires doivent faire de la lutte contre les blessures du COVID une priorité au cours des deux ou trois prochaines années, pour arrêter les dérapages et combler les lacunes créées par la pandémie. Premièrement, les pays donateurs doivent s’engager à rendre l’aide à l’Ukraine additive afin qu’elle ne remplace pas l’aide aux pays à faible revenu. Deuxièmement, ils doivent également adopter un programme condensé pour traiter les blessures sur 2/3 ans. À environ 30 dollars par personne/an s’il était réparti uniformément entre les pays donateurs, cette intervention serait abordable et laisserait de la place pour faire face aux autres crises : liées à l’Ukraine, liées au climat et liées plus généralement au manque d’élan pour atteindre les objectifs de développement durable (ODD).
À PROPOS DES AUTEURS
Jean-François Tardif est consultant en développement international ainsi que conseiller pour les questions économiques chez Résultats Canada, une des organisations à l’avant-garde du plaidoyer en faveur du développement international.
Il participe activement au Global Leadership Collaborative To End Ultra-Poverty. Jean-François a consacré une grande partie de ses efforts à soutenir la croissance, le développement et l’autonomisation des groupes de plaidoyer citoyen en Afrique et dans le monde.
De 2011 à 2013, il a été Directeur exécutif de Résultats Canada, ainsi que membre du conseil d’administration du Conseil canadien pour la coopération internationale. Auparavant, Jean-François avait eu une longue carrière au sein du gouvernement canadien, occupant les postes de négociateur principal, directeur et négociateur fédéral en chef des revendications territoriales autochtones, puis de Directeur général et Secrétaire général à la Commission de la fonction publique. Il est diplômé de l’École supérieure de commerce de Paris (avec mémoire de recherche en économie de la santé), d’un diplôme de l’Institut d’études politiques de Paris (économie politique) et d’une maîtrise en analyse des politiques de l’Université Laval.
Robert Greenhill a combiné une carrière dans le commerce international avec un engagement envers les politiques publiques.
Robert est Président exécutif de l’Initiative Canada Global, Senior Fellow au Centre for International Governance Innovation (CIGI) et professeur de pratique à l’Institut d’études du développement international de l’Université McGill. Auparavant, il a été Directeur général et Chef des affaires du Forum économique mondial, Sous-ministre et Président de l’Agence canadienne de développement international (ACDI) et Président et Chef de l’exploitation du Groupe international de Bombardier Inc. Robert a commencé sa carrière chez McKinsey & Company.
Il est actuellement membre du conseil d’administration de l’Institut sur la gouvernance d’organisations privées et publiques (IGOPP), de la Fondation KBF Canada et du conseil consultatif du Banff Forum.
Robert est titulaire d’un BA de l’Université de l’Alberta, d’une MA de la London School of Economics et d’un MBA de l’INSEAD.